Transhumanisme et finitude

Nous vous invitons à découvrir le texte de Laurent Cournarie sur le transhumanisme et la finitude.

Laurent Cournarie est professeur de Chaire Supérieure. Il enseigne la philosophie en Première Supérieure (tronc commun et option de spécialité). Il au lycée Saint-Sernin de Toulouse pour la préparation du concours de l’ENS de Lyon. Auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles. Il est également membre du comité de rédaction de la revue de philosophie numérique Philopsis.

Introduction

La nature désigne l’ensemble des choses qui existent sans intervention humaine et spontanément en vertu d’elles-mêmes. Est naturel ce qui vient de lui-même à l’existence et s’y maintient par lui-même (c’est le sens grec de phusis). La nature est précisément ce principe qui produit et qui, par là même, rend intelligible de telles conditions d’existence propre — aussi la nature a-t-elle pu longtemps représenter un modèle normatif pour l’agir humain. La nature humaine de son côté désigne un ensemble de traits universels propres à tous les êtres humains mais à eux-seuls. Cela les distingue à la fois de l’infra-humain (animal) et du supra-humain (divin). Ces définitions de la nature et de la nature humaine qui sont assez largement répandues dans le sens commun sont si l’on veut aristotéliciennes.

Mais y a-t-il une nature humaine ?

La critique est venue au XXè s. de l’anthropologie (l’homme est essentiellement un être culturel). Elle est aussi issue de l’existentialisme (l’universalité est de condition). Selon l’anthropologie fondamentalement la culture est à la fois le principe de constitution et de variation de l’humanité (diversité) qui se substitue à l’évolution. Selon l’humanisme existentialiste, chaque sujet a à être son être en assumant les limites constitutives (a priori) de la condition humaine (mort, corps, autrui, travail…).

« Les situations historiques varient : l’homme peut naître esclave dans une société païenne ou seigneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c’est la nécessité pour lui d’être dans le monde, d’y être au travail, d’y être au milieu d’autres et d’y être mortel. Les limites ne sont ni subjectives ni objectives ou plutôt elles ont une face objective et une face subjective. Objectives parce qu’elles se rencontrent partout et sont partout reconnaissables. Elles sont subjectives parce qu’elles sont vécues et ne sont rien si l’homme ne les vit. C’est-à-dire détermine librement dans son existence par rapport à elles. »

Depuis quelques années, ce qu’on appelle le “transhumanisme” vient contester l’humanisme dans sa double composante. L’homme se tiendrait dans les limites d’une essence ou d’une existence.

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