Pourquoi être agile ?
Quel bénéfice ? La méthode agile permet-elle véritablement l’agilité ? L’agilité se réduit-elle uniquement aux méthodes agiles ?
Le concept de l’agilité issu des pratiques informatiques est souvent lié à une nécessité pour les entreprises de réagir et produire vite, face à un marché concurrentiel.
Le fondement de ces pratiques est la capacité à anticiper le changement, gérer le complexe, se reconfigurer rapidement. L’idée est de s’appuyer sur l’intelligence collective pour avancer plus vite, d’avancer par étape tangible et visible, d’apporter une réponse pour débloquer les limites atteintes par les modèles d’entreprise dite « classique ». En bref, une orientation de travail vers du collectif plus que de l’individualisme, vers de la confiance plus que du contrôle.
Les directions informatiques en 1ère ligne du changement poussent les pratiques agiles sur toute l’échelle de l’entreprise, basculant des cultures très ancrées, vers des modes de fonctionnement inhabituels, consommateurs de ressources, créant des clivages de langages et des acculturations longues.
Mais quel en est le résultat ?
Quels peuvent être les limites ou les risques ? Ainsi, nous pouvons nous interroger si nous avons réellement bien défini dans nos structures ce terme d’agilité. Souvent nous rencontrons des confusions qui amènent à ce genre de petites phrases très surprenantes :
« Je fais tout quand je veux. »
« J’ai droit à l’erreur moi en tant qu’individu. »
« La hiérarchie ne sert à rien, nous savons ce que nous avons à faire. »
« Un processus mais pourquoi faire je n’en ai pas besoin. »
« Ce n’est pas prévu dans cette itération. »
« Le client, il ne sait jamais ce qu’il veut on sait mieux. »
« Je suis en itération, ton besoin urgent on verra plus tard. »
« Je n’ai pas à te répondre, appelle le PO. »
« Trop fatigué on travaille en agile. »
Autant d’idées, d’opinions, qui font fi des exigences de fonctionnement de l’entreprise, de la société, voire des engagements commerciaux ou des exigences réglementaires. Associées au bouleversement des circuits de communication interne, et donc des relations entre individus, elles sont génératrices d’incompréhensions, tensions, frustrations et découragement.
La place accordée aux rituels, la rigidité des rythmes définis peuvent alors avoir pour effet d’oublier le bon sens, d’éloigner de la compréhension, voire de nier le besoin du client et la finalité de le satisfaire dans un contexte de productivité nécessaire.
Et pourtant l’agilité avec un grand A ne préconise pas, et encore moins ne cautionne, ce fonctionnement.
Intelligence collective
Le cœur des pratiques agiles est basé sur l’intelligence collective. Cette intelligence met en avant l’influence du cognitif sur nos décisions, la capacité d’entendre les signaux faibles pour anticiper, l’immensité de l’exploration, de l’innovation au service de la satisfaction client et de la délivrance de valeur pour l’entreprise. Dans cette culture agile, c’est aussi l’émergence de tous les leaderships pouvant servir dans le fonctionnement et périmètre de l’activité nécessaire de l’entreprise.
C’est une véritable ouverture et valorisation des individus dans leur métier, leurs compétences, la richesse de leurs interactions. Encore faut-il ne pas oublier les exigences de l’entreprise et des groupes. Encore faut-il prendre les pratiques dans leur essence et ne pas les pervertir par des rituels déformés ne permettant plus d’en avoir leur bienfait méthodologique : des pratiques élaborées pour des bénéfices, une finalité, et non des pratiques modifiées détériorant le sens, la raison d’être et les atouts.
Le fondement de l’Humain est sa capacité à s’adapter à son contexte depuis la nuit des temps. L’Homme a toujours su tenir compte de son vécu pour imaginer l’avenir.
Les explorations sont sans limites, la confrontation des modes de pensées, la multiplication des ressources et des points de vue, la capacité à modifier les représentations, à faire évoluer les mentalités sont en l’Homme par nature.
Oublier ce fondement et limiter voire réduire l’approche de l’agilité uniquement à des pratiques, une « recette » est une erreur majeure privant l’entreprise de sa principale richesse : la valeur ajoutée de l’intelligence de ses collaborateurs.
Auteures :
Catherine Richard-Contremoulins – Directrice Services Clients chez SPI – Septeo Pôle Immobilier
Claudine Blanquier – Coach en transformation des organisations vers plus d’agilité
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