Plaidoyer pour une approche systémique
Nous avons vu précédemment que notre déterminisme nous positionne sur une trajectoire dont il est difficile de se sortir, sauf à choisir de s’y extraire, grâce à notre logos, et de le faire au prix d’une volonté et d’une énergie considérable.
Petite question : pourquoi sortez-vous votre téléphone portable de votre sac convulsivement dès que vous avez un moment et prenez un air très occupé en le manipulant ? En avez-vous conscience ? Quel effort auriez-vous à fournir pour vous en affranchir ?
En réalité votre environnement vous a façonné, créant un nouveau déterminisme « acquis ». Vous avez accepté cette contrainte sans vous en rendre compte, parfois même au prix d’une souffrance inconsciente. Sommes-nous libres en telle situation ?
N’y-a-t-il de vraie liberté que si l’on agit sans contrainte extérieure ? Pour certains philosophes oui. Vison absolue. Utopie.
Avec l’absolu tout est permis puisqu’on ne tient pas compte du réel…
Prenons un exemple : La volonté est, pour certains philosophes le siège de la liberté. Kant écarte cette notion dans la mesure ou ceci relève de la psychologie, de l’empirique. Kant cherche l’absolu, l’inconditionnel. Cet absolu est exprimé chez lui par un concept : l’impératif catégorique. On ne transige pas avec la morale, ni avec l’absolu. Il devient alors possible de priver de liberté au nom de l’absolu. N’est-ce pas inquiétant ?
Or les humains sont des êtres vivants. Selon les biologistes, le vivant interagit avec son environnement. Cette interaction nous modifie et nous oriente. Nous sommes donc sous contrainte de notre environnement.
Qu’il est difficile d’être fondamentalement libres, embarqués inconsciemment sur une trajectoire dont l’effet relève d’une causalité de facteurs multiples interagissant entre eux. Les déterministes et stoïciens appellent ça des causes multiples de conditions. Pour mieux l’imager, on pourrait dire que la nature des agents, des interactions, produisent un ensemble de forces faisant de notre trajectoire déterministe une sorte de résultante.
Nous sommes donc soumis à un champ de pression qui orientent nos trajectoires de vies.
Mais nous sommes libres d’être réactifs ou pro-actifs. Le réactif est moins libre que le pro-actif car ce dernier utilise son « logos » afin d’être aux commandes de sa réaction. Le réactif laisse ses impulsions le dominer. Voyez André Comte Sponville dire avec Spinoza qu’il faut se libérer de ses pulsions, des pensées qui nous harcellent ; de même que les Bouddhistes pratiquent la méditation à cette fin.
Pour Sartre on a toujours le choix de la liberté. Quel choix ? Ainsi, le pro-actif s’interroge sur les possibles avant de choisir.
Le champ des possibles est-il infini ?
J’utilise ce raisonnement à des fins réflexives, mais pour Sartre le choix ne serait-il pas au fond assez binaire : soumission ou révolte ?
Il est aussi des causes extérieures qui confinent à la tyrannie. De la réglementation excessive d’un état à la dictature.
Pour résumer, nous avons antérieurement constaté les limites intrinsèques de notre liberté. Puis l’impact de notre environnement.
Nous allons donc voir dans les prochaines publications :
- Comment fonctionnons-nous collectivement ?
- Et donc comment se justifie toute forme de régulation ou de réglementation ?
Pourrons nous conclure au bout du bout par un peu de liberté ?
A suivre…
Luc Marta de Andrade
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