Plaidoyer pour une approche systémique

Cette phrase de Jean Jacques Rousseau pourrait se prendre à l’envers. L’homme est dans les fers du fait de son déterminisme, de la nécessité. Et partout il doit trouver des possibles pour avoir un peu de liberté….

Aristote évoque le fait que la nature donne des potentiels pouvant aller dans de multiples directions. Nous avons donc un futur ouvert entre plusieurs possibles.

Nous avons des habitudes issues de l’inné ou de l’acquis que nous pouvons réorienter, grâce au logos, à la raison.  Nous remettons en cause notre chaine causale et provoquons une nouvelle causalité ; provoquant ainsi une bifurcation dans notre comportement et notre destinée.

Mais Locke disait qu’il ne suffisait pas de se croire libre pour être libre… remettant ainsi en cause la phrase de Rousseau. Il faut donc de la volonté pour modifier notre chaine causale. Le logos peut envisager des possibles, mais sans volonté, on reste enfermé dans notre déterminisme. Il y a un rapport étroit entre volonté et liberté. Et la volonté conduit à l’action. En ce sens, la liberté se gagne !

Pour Sartre, « nous sommes » en fonction de nos actions ; On agit, donc on est. L’existence précède l’essence. Il faut avoir une conscience intentionnelle. On est le passé et en même temps notre projection. Il faut inventer son état futur pour sortir de son présent. Nous ne sommes pas juste poussés par le passé.

En me rapprochant de Sartre, je pourrai résumer les choses ainsi :

  • Nous prenons progressivement conscience de notre état ou de notre situation. Donc de nos déterminismes innés ou acquis. Mais soyons clair cette conscience me parait assez limitée. Sinon, la psychanalyse ne se serait pas développée !
  • Alors nous devenons proactifs pour s’émanciper. Nous utilisons notre « logos » pour développer des choix et voir s’il y a d’autres possibles.  Nous tentons de développer notre libre arbitre.
  • Mais cette volonté d’émancipation passe par celle de s’arracher de son déterminisme ; de « changer les choses ». De changer nos habitudes pour changer notre destinée.
  • C’est l’action qui, en conséquence, mettra en œuvre cette volonté, parfois au prix d’une énergie considérable, voir un combat contre soit. En modifiant nos habitudes, nous avons enfin réussi à prendre un peu de liberté pour orienter notre vie et provoquer le changement.
  • Après un certain temps (qui peut être long, et se chiffrer en années) nous prenons conscience de la modification induite par nos choix. Mais aussi de l’effort produit. La conscience de ce phénomène devient une révélation car nous mesurons la différence entre ce que l’on était et ce que l’on est devenu.
  • Parfois il nous parait absurde, voire douloureux d’observer la situation passée. Avec des questions comme : comment ai-je pu être comme ça ? Ou subir une telle situation ? Ou avoir été trahi ainsi… par moi-même ou les autres…

Certains pourraient dire assez facilement que la liberté c’est agir sans contrainte extérieure. On reviendra plus tard. Il n’en demeure pas moins que nous sommes aussi nos propres contraintes.

Nous avons ainsi évoqué ce que peut représenter la liberté au sens individuel ; au sens intrinsèque de ce que peut espérer un humain. Et pour tout dire, ce n’est pas évident.

Nous aborderons dans les chapitres suivants les aspects sociologiques. Mais traités ex abrupto et décorrélés des conditions de libertés intrinsèques de l’individu, c’est parler du tout sans considérer l’existence des parties.

A suivre…

Luc Marta de Andrade

Vous pouvez retrouver le texte dans son intégralité en cliquant sur le lien suivant : Plaidoyer pour une approche systémique 4