C’est la rentrée de NXU ! On a rechargé les batteries, on a lu et tweeté pendant tout l’été. Cela nous a permis de faire un état des lieux des derniers éléments annoncés sur les NBIC et sur les idées de chacun des leaders d’opinion. Beaucoup parlent de révolution, de changement et d’annonce. Cette chronique, de notre président Luc Marta de Andrade, analyse les dernières actualités.
Interroger nos fondations
Nos démocraties n’ont jamais été autant fragilisées par les NBIC. Elles n’en prennent pas suffisamment conscience. Tel est le message récurrent chez Laurent Alexandre ou Nicolas Bouzou.
Et nos modèles économiques ? On n’en parle malheureusement pas assez. Typiquement, la vision de Jérémy Rifkins s’accorde-t-elle à celle de Nicolas Bouzou (à l’instar de Luc Ferry) ? Qu’en sera-t-il cette fois de la destruction créatrice de Shumpeter lorsque des robots dotés d’intelligence artificielle produiront 100% de la valeur d’une entreprise ?
La question est donc : nos modèles actuels doivent-ils être protégés et maintenus ou bien révolutionnés ?
Si une domination mondiale d’entreprises NBIC à forte valorisation boursière représente un pouvoir politique et économique, devrons nous choisir entre état ou organisation internationale ?
Information ou propagande ?
On évoque beaucoup l’intelligence artificielle avec l’interrogation lancinante du passage de l’IA faible à l’IA forte. En fait, personne ne sait vraiment. Les spécialistes ne s’accordent pas … A tel point que l’information spectacle finit par dominer le débat. Souvent lancée par le génial Elon Musk…
On évoque l’homme augmenté… un QI à 200, la prolongation de la vie, etc. En passant sous silence que l’on ne maîtrise pas le comportement du vivant du fait de son interaction avec l’environnement. Modifier le génome et anticiper une maladie avec un risque d’effets collatéraux non imaginables…
Parle-t-on beaucoup des biotechnologies ? Or la biologie n’est pas une science comme les autres. Elle ne se comporte pas comme en physique dont nous pouvons prévoir les états successifs. On dit même que le terme « bricolage » est utilisé dans les laboratoires. Pour autant, la modification du génome est possible. On peut l’optimiser grâce à l’intelligence artificielle, le corriger. Nous allons prochainement publier un texte sur le sujet…
De l’information à la réflexion
Pour certains, parler philosophie semble tellement abstrait qu’il vaut mieux s’abstenir. André Comte Sponville dit qu’elle nous aide à bien vivre. Ici elle doit nous aider à comprendre, à penser ces changements. Pour mieux anticiper la société de demain…
Or, dans le texte « Rencontre avec Paul Antoine Miquel » (voir sur le site de NXU), maître de conférences et philosophe de la biologie, nous avons abordé de nombreux sujets liés aux NBIC et à l’éthique.
Il évoque le déplacement des frontières entre le naturel et l’artificiel (Darwin ne va-t-il pas prendre un coup derrière les oreilles ?). Avec des questionnements liés à l’éthique et la proposition de création d’une grammaire de catégories pour évaluer le déterminé, le prévisible, le probable le plausible et l’incertain. Bref, travailler au fond pour ne pas voir mis en place un principe de précaution dogmatique et inapplicable, s’imposant à nous quand d’autres n’en auront pas la contrainte. Questionnements philosophiques, techniques, pour mieux informer le politique. Parce que cette évolution technologique accélérera, parce qu’elle est aussi souhaitable.
Il s’agit donc de passer de l’information à la réflexion, en sautant la case propagande.
Vers une révolution totale ?
La transversalité des NBIC est révolutionnaire, pour nos sociétés, pour l’homme. Or on est incapable d’en mesurer la trajectoire. Seulement en évoquer les possibilités ; et elles peuvent être nombreuses.
Si Laurent Alexandre précise que l’homme sera révolutionné, je suis étonné que peu évoquent la révolution sociétale (sauf NXU). Pourtant elle est de nature à remettre en cause nos modèles démocratiques et économiques. Pour le meilleur ou pour le pire….
Nos démocraties sont à bout de souffle parce que les hommes politiques mondiaux le sont. Peut être faut-il imaginer autre chose ?
Qu’en est-il de nos systèmes économiques à l’heure où l’on peut produire sans intervention humaine et que des systèmes numériques peuvent effectuer seuls des transactions boursières ? Dire « Shumpeter aura encore raison demain », tout en évoquant une révolution vertigineuse, n’est-ce pas vouloir maintenir un paradigme alors qu’un autre se crée et le concurrencera jusqu’à le détruire? En ce sens, il aura raison une dernière fois… ou pas… mais je ne crois pas que l’on puisse trancher aussi facilement !
Même si je reste persuadé que le monde libre et le capitalisme éclairé sont porteurs de solutions sociales (que les états seront incapables d’apporter faute de moyens) je pense que leur modèle évoluera.
Nous avons tous des idées « à priori ». Je n’échappe pas à la règle. Je préfère simplement laisser débattre les experts avant de m’exprimer.
C’est aussi la rentrée pour NXU ! Donc débattons…
Luc Marta de Andrade, Président de NXU Think Tank et U-Need Consulting